Corps référentiel

Le Corps Référentiel 

Est une exposition collective combinant les œuvres de Sophia Borowska, Geneviève Grenier alias Geneviève Feuillard (, Diane Garcia Ramos, Sabrina Jolicoeur, Maggy Hamel-Metsos, Fatine Violette Sabiri, Noémie Sylvestre et Kathryn Frances Warner, parallèlement à une sélection de leurs collections et archives personnelles d’œuvres d’art.

Exposition collective ayant eu lieu du 11 mars 2021 au 20 mars 2022

Texte curatorial : Amélie Pelly

Poésie : Daria Malfait Colonna

Organisation : Kathryn Francis Warner & Sabrina Jolicoeur

Catalog link Catalogue en ligne

  






Reference Bodies 
Interpretation A 

by Amélie Pelly

Take a step away from your own body.
Try. Even for an instant.

Reference Bodies  taps into an expanded vision of what can constitute a body. Bodies—human and other—are ensembles which are reliant upon movement and time; they can accumulate and lose, affect and be affected, compose themselves and decompose.[1]

Inevitably, the artworks presented allude to their creator’s physicality by their material and tactile qualities—tattooed ceramics, physical imprints, the gestures of weaving and sewing are all testaments to artists’ proprioception. The artworks are attentive to and evocative of their maker’s unique cultures, geographies, genders and social situations. Yet, the anticipated centrality of the artists’ bodies is displaced within the context of this exhibition, as it proposes another corpus for our examination: the archival body.

Presented at various stages between its completion and eventual decomposition, the archival body amounts to more than an inspirational whole for the individual artists. Presented in unison, the assembled archive has the capacity to unearth what we are exposed to daily in the form of virtual likes and cookies, that is, e-visible communities of support. While some of these ensembles formed slowly, consciously, others were scattered and unacknowledged. It is an ensemble composed of overlapping friendships, of conceptual kinships, of direct and sinuous links, from one archival memento to another’s realities, to yet another world, or condition.
Having abstracted the corporeal, the archival body’s capacity to connect prevails; it reveals how we empathize, how we heal, how we grow and, potentially, change. It challenges the physical limits of beings by laying before us the intricate relations and communities which uphold them. It is the psychical, physical manifestations of a collective conscious – attentive to the ways pleasure and pains, knowledge and intuition permeate entire clusters of population. Whether they have gathered culturally, religiously or socially. Whether these communities have been chosen or imposed.
Bodies are both infinite sources of and vessels for our knowledge of the world. If we delve into its depths, slowly, we can at once define the reach of the physical world which we occupy and reclaim the ways in which bodies perceived. The immensity we find within appears, unbeknownst to us, in the traces of others which we accumulate. Psyches and flesh, pain and eroticism, intuition and intellect, are intrinsically bonded. We find our interiors gorged with mementos which compose the archives of our unconscious.


[1] Susan Kozel, “The Archival Body: Re-enactments, affective doubling and surrogacy,” in Essays from the New Human Symposium, Malmö, August 2016. https://medium.com/the-new-human/the-archival-body-re-enactments-affective-doubling-and-surrogacy-448815d62c07.

Le corps référentiel
Interprétation A 

par Amélie Pelly



Le Corps Référentiel adhère à une vision élargie de ce que peut constituer un corps. Les corps—humains ou autre—sont des ensembles dépendants du temps et du mouvement; ils peuvent accumuler ou perdre, affecter et être affectés, se composer et se décomposer.[1]

Les œuvres présentées évoquent le corps humain par leurs qualités matérielles et tactiles—des céramiques tatoués, des empreintes, des mouvements de tissage et de couture sont tous des témoignages à la proprioception des artistes. Ces œuvres sont d’autant plus révélatrices des cultures, des géographies, du genre et des contextes sociaux uniques à chaque corps qui les façonnent. Malgré cela, le physique de l’artiste, maintes fois examiné, n’est pas l’unique corps que cette exposition nous invite à considérer; pensons au corpus d’archives.

Le corpus d’archives représente bien plus qu’une simple source d’inspiration pour les artistes. Bien que quelques-unes des archives se soient formées lentement, consciemment, d’autres étaient éparpillées et inconnues à leurs propriétaires jusqu’au moment de les rassembler. Réunissant les archives de chaque artiste en une seule et nouvelle entité, l’assemblage a la capacité de rendre visible des communautés que nous imaginons plus fréquemment en termes de j’aimes et de swipes. C’est un amalgame formé d’amitiés entrecroisées, de liens de parentés rêvées, de rapports directs ou sinueux qui, sautant du souvenir d’un tel à la réalité d’un autre, nous connectent à d’autres mondes et d’autres conditions.

Ayant fait fit du corporel, la capacité rassembleuse du corpus d’archives fait surface, révélant les traces d’empathie, de guérison, de croissance et, aussi, notre volonté de changer. Cet autre type de corps étale sous nos yeux les communautés qui les soutiennent. Nous y trouvons une manifestation psychique et matérielle d’un subconscient collectif, bien à l’écoute des manières par laquelle la connaissance et l’intuition imprègnent des communautés entières. Qu’elles soient unies culturellement, religieusement ou socialement. Qu’elles soient des communautés imposées ou choisies.

Tout corps est à la fois une source de connaissance et un réceptacle pour notre compréhension du monde. Psyché et chair, plaisir et douleur, intuition et intellect y sont tous intrinsèquement liés. Si nous sondons leurs profondeurs infinies, nous pouvons à la fois définir les limites du monde physique que nous occupons, et s’approprier la manière par laquelle nous occupons ce corps. L’immensité vertigineuse que nous y trouvons se matérialise dans nos environnements par ce que nous accumulons. Et de fait, nos intérieurs sont meublés de ces artefacts qui composent le corpus d’archives de notre inconscient.






Démarche contextuelle

Tout semble vouloir se catégoriser, se situer dans quelque chose de reconnaissable. L’effort d’identification se transforme dans un stéréotypage du soi, qui nous permet « d’être » et de « fonctionner ». Je suis fascinée par la vulgarisation identitaire et ma pratique emprunte des mécanismes conscients et inconscients du phénomène. Par des véhicules culturels établis et la relation entretenue aux idées d’héritage et de patrimoine, l’esthétique transporte un contexte et une valeur ; l’on peut situer un narratif par la couleur, la forme et le bagage d’un élément.


L’oscillation personnelle entre mon rapport manuel/intellectuel au monde, ainsi que les différents rites de passage initiatiques que ces deux extrêmes exercent, se retrouve dans des formes organiques toujours presque. Presque belles, presque claires. Je tente de soulever la complexité de la compréhension et de relever l’aspect chaotique du regard que l’on porte sur un objet ou sur un individu. Par l’intégration de symboles et référents issus de la « culture populaire », le travail installatif présenté en contexte « d’installation artistique » tente de rire du regard sur l’art et à la fois d’y adhérer.









Personnal statement

It seems that everything seeks to be categorized, to be situated within a known framework. This effort to identify morphs into stereotyping (of self, of things), allowing us to be and to function. I am fascinated by the process leading to the vulgarisation of identities, and, as such, my practice borrows from the conscious and unconscious mechanisms of the phenomenon. By means of pre-established cultural vehicles and the relationship upheld by ideals of heritage and legacies, aesthetics bear something of their context and values; we can easily situate a history by means of its color, form and connotations.



My own oscillation between the manual and intellectual worlds, along with the various rites of passage they both require, can be found within the organic forms that remain almost. Almost pretty, almost complete. I try to reveal the complexity and difficulty of comprehension and expose the chaotic gaze which we throw upon objects and individuals. Bearing symbols and references to popular culture, the installation piece presented here in the context of artistic installation chuckles at the spectators’ gaze on art, all the while hoping to conform to its world.